08/05/2014
Et maintenant, un élu "déculpabilise" la traite des Noirs ! Twitter ne réussit pas aux politiciens...
...qui devraient renoncer à ces surenchères :
Le négrier Marie-Séraphique (sic) au large de Saint-Domingue, 1773.
Mme Boutin n'est pas la seule à twitter n'importe quoi ; elle a des challengers dans la course à la « posture décomplexée » (fâcheuse compétition). Ainsi Thierry Mariani et son message du 6 mai : « L'enlèvement de jeunes Nigérianes par la secte islamiste Boko Haram, qui menace de les vendre comme 'esclaves', doit déculpabiliser l'Occident sur l'esclavage » ; twit suivi – lourde insistance – du mot-dièse « déculpabilisation ». M. Mariani prétendait commenter l'enlèvement de deux cents jeunes Nigérianes par le groupe que les Occidentaux appellent Boko Haram (son nom réel en arabe est : Rassemblement sunnite de diffusion de l'Islam et du Jihad).
Ce groupe est effectivement monstrueux. L'origine exacte de sa monstruosité serait à étudier de près, l'islam ne suffisant pas à l'expliquer. (Comme le marxisme ne suffisait pas à expliquer les Khmers rouges).
Mais se servir de la tragique affaire des 276 lycéennes de Chibok pour prétendre « déculpabiliser l'Occident » de l'esclavage aux temps du commerce triangulaire (XVIIe-XIXe siècles), c'est assez incongru. Pour ne pas dire plus...
La vidéo de M. Abubakar Shekau se dandinant en gloussant : « j'ai enlevé les filles, je vais les vendre sur le marché au nom d'Allah », ne dédouane en rien la pratique de l'esclavage par des royaumes chrétiens ; pratique qu'aucun historien n'aurait l'idée de nier, et si contraire au droit des gens (concept né du christianisme) que M. Mariani lui-même, devant le vacarme créé par son twit, a rapidement présenté des excuses.
M. Mariani nous assure que ses mots ont dépassé sa pensée. Il y a quelques semaines, Mme Boutin nous disait la même chose après avoir contredit l'Eglise catholique sur la question de l'homosexualité. On pourrait citer beaucoup d'âneries proférées sur Twitter par d'autres professionnels du métier politicien [*]... Donnons raison à Henri Guaino qui disait ce matin (à France Info) que la classe politique devrait cesser de twitter. Énoncer une idée en 140 signes est un art difficile ; surtout pour ceux qui n'ont pas d'idées.
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[*] Sauraient-ils faire un autre métier ? Leur niveau de culture générale permet parfois d'en douter.
Fiche de culture navale à l'attention de M. Mariani
Brick négrier. Autorisée pendant trois siècles, la traite est officiellement condamnée par certains pays européens en 1815 lors du traité de Vienne (I'Angleterre l'avait abolie dès 1807). Elle continuera pourtant pendant un demi-siècle malgré les interdictions légales, les dures sanctions et un contrôle sévère. Pour échapper à celui-ci, les négriers adaptent leurs bateaux qui gagnent en vitesse. Les navires sont fortement voilés et d'assez faible tonnage afin de pouvoir remonter le cours des rivières africaines, mouillages plus discrets que les rades côtières. L'OURAGAN est, par la finesse de sa coque, l'élancement de sa mâture, un beau spécimen de ces bricks négriers de la première moitié du XlXème siècle, réputés pour la vitesse de leur marche. Capitaine de frégate R. Javault.
11:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : histoire, afrique
Commentaires
PAS QUE ÇA
> il n'y a pas que la fièvre twitteuse des politicards. Il y a le dérapage qui mène une partie de la droite à justifier tout le passé y compris l'injustfiable, sous prétexte de "résister au politiquement correct". Ce n'est pas parce que le terrorisme intellectuel réduit l'histoire à ses crimes, qu'on doit se mettre à justifier les crimes ou dire que ce ne sont pas des crimes.
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Écrit par : jean-eudes / | 08/05/2014
PAS CATHOLIQUE
> "Right or wrong, my country", slogan américain du XIXe siècle, est le contraire du précepte catholique sur le bien commun entre les nations. Justifier tout ce que fait mon pays sous prétexte que c'est mon pays ? Si c'est ça que la droite appelle être "décomplexé", aucun catholique ne peut marcher là-dedans sans puer des semelles.
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Écrit par : churubusco / | 08/05/2014
CAPITULARDS
> plus ils sont capitulards en politique et en économie, plus ils deviennent hâbleurs dans les domaines où ils ont encore moins de compétence.
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Écrit par : Guinoiseau / | 08/05/2014
DOUTES
> Voilà un article riche autant que concis ! Le contraire, en somme, d'un "tweet" approximatif. Merci !
Je partage les doutes que vous exprimez sur la capacité de politiciens professionnels à faire un autre métier : au fond, une des raisons des nombreux dysfonctionnements des états n'est-elle pas à chercher dans le "refuge" que constitue pour certains cette activité ?
Pour en venir au sujet de l'esclavage et de la "concurrence des mémoires", il est en effet incongru d'utiliser le mal fait par les autres pour relativiser, voire justifier, celui fait dans (ou par) nos pays autrefois. Ce serait plutôt l'occasion de comprendre combien il importait d'y renoncer.
Enfin, la fiche de culture navale nous invite à réfléchir au sens des inventions : il est de belles prouesses techniques dont la séduction ne doit pas nous dispenser de nous interroger quant à leur usage.
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Écrit par : Sven Laval / | 08/05/2014
MAL VOYANT
> "La vidéo de M. Abubakar Shekau se dandinant en gloussant : « j'ai enlevé les filles, je vais les vendre sur le marché au nom d'Allah », ne dédouane en rien la pratique de l'esclavage par des royaumes chrétiens"
Ce qui est chouette, c'est que Mariani n'a pas dit ça. En revanche, l'inverse est dit régulièrement, par d'autres : il ne faudrait pas parler de la traite des noirs par les musulmans pour ne pas culpabiliser les arabes de France, dixit Taubira. Mais là, silence radio de votre part.
Fikmonskov
[ PP à F. - Changez de lunettes. ]
Réponse au commentaire
Écrit par : Fikmonskov / | 08/05/2014
à Fikmonskov
> Comment, Mariani n'a pas dit ça ? Vous ne connaissez pas le sens du mot "déculpabiliser" ?
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Écrit par : Quiniou / | 08/05/2014
DROITE
> le comique avec les gens de droite, c'est qu'ils n'assument pas. Dès qu'ils se lâchent à dire un truc qui exprime le fond de leur idée, ils le nient et le désavouent tout de suite. Pourquoi ?
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Écrit par : Amos / | 08/05/2014
RELATIVISME
> Les twittos de droite tombent dans le piège Mariani : le sujet ce serait de "décomplexer", de "cesser de culpabiliser les Blancs", etc.
Aucun ne voit la perversité d'utiliser l'affaire Boko Haram pour absoudre les négriers nantais et bordelais du 18e siècle.
Décidément la droite est bouffée autant que la gauche par le relativisme et le nombrilisme.
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Écrit par : Seb Dewalle / | 08/05/2014
TOUTE LA VÉRITÉ
> La situation actuelle de mensonge fait le lit de ces dérapages.
Il faudrait rétablir la vérité, toute la vérité, et non une vérité tronquée qui est de fait un entier mensonge.
On a cherché à culpabiliser les peuples occidentaux en les désignant comme les seuls coupables d'esclavagisme. De fait, toutes les civilisations de quelque importance ont pratiqué l'esclavage, à une échelle plus ou moins grande.
Notre civilisation occidentale a gravement péché par goût du lucre (tout comme elle pèche encore gravement pour la même raison, mais différemment) et laissé asservir des êtres humains. Elle a gravement péché de nombreuses autres manières.
Mais la traite orientale a duré du VIIe siècle à 1920 environ et la traite intra-africaine n'a pas cessé en raison de la faiblesse des gouvernements successifs. Elle s'intensifie dans les pays en guerre.
Pourtant on dit à nos jeunes qu'ils doivent se repentir car ils sont fils d'esclavagistes. Et les descendants d'immigrés ? Chut, ils sont fils d'esclavagistes aussi mais il ne faut pas le leur dire : le fardeau serait trop lourd pour eux. Pourtant, objectivement, les uns et les autres sont aussi des descendants de familles brisées par l'esclavage (pensons par exemple aux razzias menées sur les côtes françaises et qui ont mené à la conquête du territoire qui est devenu l'Algérie Française, avant de devenir l'Algérie tout court après son indépendance).
Pourquoi cette différence de traitement entre les enfants et les jeunes vivant dans notre pays ? Nos idéologues méprisent-ils à ce point les jeunes d'origine étrangère, les jugent-ils si faibles psychologiquement pour vouloir les exempter du fardeau de culpabilité dont ils n'hésitent pas à charger les jeunes d'ascendance européenne ?
Et en définitive, ne s'agit-il pas de créer un écran de fumée pour empêcher de voir cet esclavage moderne, pratiqué sur toute la planète, où le travailleur est réputé libre mais reçoit un salaire insuffisant pour le faire vivre décemment lui et sa famille. Ou alors il n'a pas de travail et vit (survit plutôt) en esclave de l'Etat. L'Etat le nourrit (mal) et il a le droit de se taire et d'être reconnaissant alors qu'il a perdu sa dignité d'homme libre du fait qu'il est empêché de subvenir par lui-même à ses propres besoins.
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Écrit par : Barbara / | 08/05/2014
à Seb Dewalle
> "Relativisme" ? c'est trop d'honneur. Ça s'explique surtout par le peu de neurones.
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Écrit par : g.guillemot / | 08/05/2014
à Barbara
> Vous avez raison.
Mais Mariani a dit "déculpabiliser" et c'est effrayant.
Les mots ont un sens. "Déculpabiliser" ne veut pas dire "mettre en perspective" ou "faire la part des choses".
Ça veut dire "nier la faute".
Pour une "droite fière de ses valeurs", c'est un peu crapoteux.
Non, on ne peut pas déculpabiliser les négriers d'hier sous prétexte qu'il y a des négriers aujourd'hui.
Ce sont des Africains esclavagisant d'autres Africains ? peut-être, mais en quoi ça absout-il notre Belle France Fille Aînée de l'Eglise tellement sainte et glorieuse, qui a justement fait un commerce infect alors qu'elle était toute auréolée de fleurs de lis ? C'est donc qu'elle ne valait pas mieux que les païens barbares affreux ? Alors de quoi nos super-réacs sont-ils si fiers ? Etc.
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Écrit par : Nati / | 08/05/2014
UN PEU DE LECTURE...
> Pour aider à la réflexion sur l'esclavage, je me permets de signaler l'article de Gil MIHAELY dans le numéro d'avril 2014 du (précieux!) mensuel "Causeur".
J.-M. Salamito
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Écrit par : Salamito / | 08/05/2014
ANY MORE
> Maintenant c'est confirmé ! On connaît la *vraie* raison de la démission de Benoît XVI...
http://www.catholicmemes.com/captions/why-the-pope-really-resigned/
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Écrit par : Aurélien R / | 08/05/2014
TWITTER
> Twitter, mis à la disposition des hommes politiques et de leurs petites amies est redoutable...Cet outil qui les enfonce dans leur tendance à réagir trop vite suscite non seulement l'expression de bourde, mais leur naissance dans leurs crânes de piafs.
On comprend que Mariani soit agacé comme beaucoup par la focalisation qui est faite sur le seul esclavage transatlantique. Barbara a certes raison d'écrire "La situation actuelle de mensonge fait le lit de ces dérapages." mais un homme politique doit avoir des pneus à crampons.
Il est à noter que l'Eglise catholique a été regrettablement discrète sur le sujet au cours des siècles, considérant comme permis d'acheter une personne déja réduite en esclavage par exemple à l'occasion de conflits de types tribaux. C'est ainsi que des roitelets slaves vendaient des...esclaves (c'est l'étymologie!) en Europe. Donc les négriers qui achetaient des captifs au royaume d'Abomey faisait presque une "bonne action" puisque ensuite ceux-ci étaient baptisés sans rien y comprendre du reste.
Mais bien entendu la demande des trafiquants européens suscitait l'accroissement de l'approvisionnement par les chasseurs d'esclaves locaux, d'autant plus efficaces qu'ils étaient parfois payés en armes. La vieille doctrine était donc complètement dépassée par les évènements. Les ordres missionnaires qui informaient la Congrégation pour la Propagation de la Foi, se débattaient sans grand pouvoir en Afrique alors qu'elles étaient peu présentes dans les pays de "livraison", et les papes n'ont pas eu une attitude très offensive en ce domaine.
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/05/2014
MALADROITE ?
> Christine Boutin a été maladroite mais elle a eu le mérite de rappeler que les actes homosexuels sont des péchés.
caillaud
[ PP à C. - Elle a dit : "l'homosexualité est une abomination". C'est quasiment une hérésie : le péché réside dans l'acte, pas dans la tendance. Le pape l'a rappelé il y a six mois ! Avoir l'air de reprocher à quelqu'un, non ce qu'il fait, mais ce qu'il est, est blessant et non chrétien. C'est donc un contre-témoignage flagrant quand on se proclame catholique... Mme Boutin parle trop, et faux. Elle engage le catholicisme de travers ou à contre-sens.
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Écrit par : caillaud / | 08/05/2014
A Pierre Huet
> Ce que vous dites sur l'Eglise n'est-il pas contredit par la note de PP sur les bulles papales ?
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 08/05/2014
DÉCULPABILISATION
> Selon le monde.fr et 20minute.fr le texte exact est
#Nigeria.L'enlèvement par secte #BokoHaram rappelle que l'Afrique n'a pas attendu l'Occident pour pratiquer l'esclavage #Déculpabilisation
PH
( PP à PH - Le mot fatal est : "déculpabilisation". C'est exactement ce qu'il ne fallait pas dire, parce que ça n'a rien à voir avec le drame du Nigéria, et parce que refuser d'admettre que nos peuples ont commis des fautes autrefois est une attitude névrotique. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet | 08/05/2014
@ Guillaume de Prémare
Oui, mais...
Oui pour les papes et les ordres missionnaires, non pour les épiscopats.
Pour en savoir plus:
"Les Eglises chrétiennes et la traite transatlantique" du P. Alphonse Quenum ed Karthala 1993.
Auteur Béninois (ancien royaume d'Abomey ou Dahomey), pays concerné au premier chef et qui a connu le cas d'un ancien esclave au Brésil affranchi et revenu pour faire de la traite: il avait du métier !
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/05/2014
GLOSES
> Barbara a excellemment résumé la dissymétrie complète dans le traitement des histoires respectives des européens et des africains : tous ont eu recours à ces pratiques d'un autre âge et il serait honnête de ne pas condamner que ceux qui sont conscients de leur erreur.
N'est-ce pas ce sur quoi M. Mariani a voulu attirer l'attention : d'un côté un monde en autoflagellation pour un crime qu'il n'aurait plus aucune idée de commettre, de l'autre un monde dans lequel la pratique surgit encore de nos jours, sans soulever beaucoup d'autre réprobation que celle des familles lésées. Il faut vivre aujourd'hui et regarder le monde tel qu'il est : le monde catholique n'est coupable que de ne pas assez lutter contre la barbarie et gagnerait, en se "déculpabilisant" de ce qu'il rejette, une meilleure capacité à faire partager son exigence, me semble-t-il.
AF
[ PP à AF - Qu'on ait besoin d'autant de gloses pour ravaler le tweet de Mariani, montre qu'il y avait un problème. Ce problème est le mot "déculpabilisation", qui n'a qu'une seule signification possible et celle-ci est généralisante : faire croire que "l'Occident" (?) est par delà bien et mal. Relativisme inacceptable, même s'il s'exerce rétrospectivement. ]
réponse au commentaire
Écrit par : AF / | 09/05/2014
Je voudrais revenir sur le sens des mots. Parce qu'on ne comprend plus le sens des mots, que chacun leur donne une signification différente on ne comprend plus la pensée de qui les prononce.
Il y a une différence entre "culpabiliser" et "amener à la repentance". Nos papes successifs nous appellent à la repentance, ils ne nous culpabilisent pas, jamais. La culpabilisation enferme l'homme dans le péché, le retranche de la communauté humaine en en faisant un paria, un sous-homme. Comment pourrait-il alors se relever, avec ce regard négatif venant de lui-même et des autres ? C'est pourquoi Jésus dit : celui qui dit à son frère raca (chien) est passible de la géhenne de feu. Ce que je dois dire à mon frère c'est : tu es un homme, relève-toi et ne te comporte plus comme le fais un chien. Ce n'est pas du tout la même chose même si certains refusent de voir la vérité en face et affirment que cela revient au même. En adoptant la deuxième attitude, on lève le fardeau de la culpabilisation, on dé-culpabilise : cela ne veut pas dire que l'on nie le péché.
Barbara
[ PP à Barbara : "Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa". Paroles du 'Confiteor'... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Barbara / | 09/05/2014
TRISTE RÉALITÉ
> Une chose est certaine : que l'esclavage ait existé en Afrique indépendamment de l'Occident est une triste réalité. A ce titre, les Européens n'ont pas fait pire que certains royaules musulmans ou même d'Afrique noire. L'esclavage est universel. En revanche, UNE SEULE culture a demandé pardon pour cela, et c'est la culture occidentale. Lorsque l'Arabie Saoudite ou la Mauritanie ont mis fin à l'esclavage au XXème siècle, ce n'est certainement pas par une prise de conscience de l'horreur de cette pratique, mais à cause des pressions occidentales.
Maintenant, une chose importante à dire : je ne vois par au nom de quoi je devrais me sentir coupable d'actes que je n'ai pas commis. Il y a en Occident, et particulièrement en France, une auto-flagellation des plus malsaines. Regretter les fautes de ses pères et demander pardon est une chose, se culpabiliser à outrance au point de que chaque européen devrait presque se répendre en excuses et baisser les yeux lorsqu'il voit un africain en est une autre.
Donc en ce sens, oui, je pense que nous devrions nous déculpabiliser. Car nous ne sommes pas coupables, nos pères le sont, pas nous. Donc demandons pardon pour les erreurs passées, cherchons à les réparer si c'est possible, veillons à ce que cela ne se reproduise plus, mais arrêtons de croire :
1- Que les européens ont été des monstres pire que les autres peuples à ce sujet.
2- Que nous européens du XXième siècle serions censés être coupables des fautes de nos pères.
Cordialement,
[ PP à Xavier - Si vous déformez le problème, le débat devient difficile... Pourquoi dire : "arrêtons de croire que les Européens sont des monstres, et que ceux du XXIe siècle sont coupables des fautes de leurs pères" ? Je ne le crois pas, ni aucun des intervenants de ce blog ! La question que nous soulevons est différente : Il s'agit de ne pas tomber dans un confusionnisme équivoque, consistant à se servir du drame du Nigéria pour "déculpabiliser l'Occident". Et il s'agit de critiquer l'emploi du mot "déculpabilisation", tellement général qu'il débouche sur un refus des faits historiques - dont la connaissance est censée nuire à la force vitale de "l'Occident", ou je ne sais quoi du même acabit.
Du point de vue chrétien qui est le nôtre ici, le passé ne saurait être aboli ni même isolé du présent ; la conscience des fautes passées est nécessaire à la purification des intentions d'aujourd'hui, comme l'a montré la repentance de Jean-Paul II en l'an 2000. Certains cathos français ont été ulcérés par sa repentance ? Ce blog n'est pas leur lieu de rendez-vous préféré. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Xavier / | 09/05/2014
BEAUCOUP DE REACTIONS
> Cet article suscite un grand nombre de réactions (jusque sur Facebook) ! étonnant les passions que cela soulève.
Encore un problème où il s'agit d'éviter deux postures, certes adverses, mais également fausses, autant l'une que l'autre.
Ici, sur la question de la traite atlantique XVe-XIXe siècle, il s'agit d'éviter d'un côté, l'auto-flagellation-et-réduction-du-passé-à-ses-crimes-à-la-mode-bobo,
et, de l'autre, la déculpabilisation-il-n'y-pas-que-Occident-qui-a-commis-ces-crimes-donc-il-n'est-pas-coupable,
comme, dans le domaine religieux, il faudra éviter le post-Xisme-façon-Golias-ou-façon-Eglise-anglicane-européenne-et-américaine, d'un côté, et le l'intégrisme-façon-FSSPX-ou-Civitas, de l'autre, pour le regard porté sur le Moyen-Âge, il faudra éviter d'un côté, la légende noire (obscurantisme, haine du savoir, époque remplie de superstitions d'un bout à l'autre, millions de morts par l'Inquisition...) et de l'autre la légende dorée (exaltation de la "chrétienté" et autres).
Cela a l'air courant, quelque soit le sujet, de basculer dans un travers ou son symétrique inverse.
Aurélien Million
[ PP à AM - C'est exactement ça. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Aurélien Million / | 09/05/2014
@ Guillaume de Prémare et PP
> L'ouvrage d'Alphonse Quenum (alors professeur d'Histoire à l'Institut Catholique d'Afrique de l'Ouest) signale 3 textes de Paul III en ce sens:
- une lettre à l'archevêque de Tolede J. de Tavera 29/05/1537
- une seconde au même et "à tous les Chrétiens" 2/06/1537
- et peu après, la bulle Sublimis Deus.
Ce trois textes ne mentionnent explicitement que les Indiens et les "autres nations qui peuvent parvenir à la connaissance des chrétiens". Mais qu'en était-il de ceux déja connus mais pas Indiens?
Il en va de même de lettre d'Urbain VIII à son représentant à Lisbonne, dont le but est la protection des Indiens du Paraguay et du Brésil.
Quenum ne semble pas connaître le texte de l'Inquisition romaine, mais relate un fait qui en en probablement à l'origine: l'audience accordée l'année précédente par Innocent IX à un Lourenço da Silva représentant des métis du royaume d'Espagne (incluant alors le Portugal) au cours de laquelle il avait entretenu le pape des horreurs de la traite nègrière.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2014
Patrice,
> quand le chrétien repentant dit : mea culpa (c'est ma faute), il fait acte de repentance, il reconnaît son péché, son besoin d'être pardonné. Sûr de l'Amour de Dieu à son égard, il compte sur son aide pour revenir dans la voie droite et il repart avec plein d'énergie pour réparer ses fautes, s'il est possible, ou sinon pour réparer les fautes de ses frères, en compensation.
Mais celui à qui on répète sans cesse : c'est ta faute ?
Un de mes jeunes frères fréquentait un collège jumelé avec un collège allemand. Un jeune Allemand Jürgend N. a donc séjourné chez nous quelques jours. Il était rongé par la culpabilité. Parce qu'il était Allemand. J'ignore ce qu'il est devenu. Mais son âme était en telle souffrance que quarante ans plus tard, quand son souvenir se rappelle à ma mémoire, je prie encore pour lui. Peut-être étais-je mieux à même de comprendre parce que, même si ma famille avait cruellement souffert de la seconde guerre mondiale, j'avais des ancêtres germaniques (d'où le choix de mon pseudo). Et donc un pied chez les bourreaux et un pied chez les victimes.
Barbara
( PP à Barbara :
J'admire ce jeune Allemand.
Lui, il était solidaire de son peuple jusque dans le péché de son peuple, comme Jésus à Gethsémani.
Jésus non plus n'avait pas commis de péché.Ça ne l'a pas empêché de donner sa vie pour libérer les hommes d'hier, d'aujourd'hui et de demain du péché passé, présent et à venir.
L'imitation de Jésus-Christ est la vocation du chrétien.
Je suis angoissé de voir des catholiques affichés refuser cela, et partir au contraire dans la direction opposée : se déclarer "non concernés", voire nier carrément le péché passé.
Rien que pour cela ils devraient dire "mea maxima culpa".
Voir des catholiques se rallier au camp de ceux qui se veulent "compacts", "par delà bien et mal", et qui disent "right or wrong, my country", est l'angoisse de l'Eglise depuis le début du XXe siècle. Rappelez-vous saint Pie X signant la condamnation du maurrassisme (celle qui sera publiée quelques années après par Pie XI), alors qu'il aimait bien Maurras et que Maurras l'applaudissait... C'était pour cette raison précise : le relativisme historiqiue maurrassien, conduisant à placer la nation par delà bien et mal. Là est la ligne de fracture entre le croyant et le "païen politique".
La classe politico-médiatrique actuelle emm... tout le monde avec son matraquage de repentance permanent, qui n'est qu'une arme du néolibéralisme pour nous forcer au transnational - c'est à dire à la soumission à l'empire marchand ? Sans doute. Mais la suppression de la journée municipale de Villers-Cotteret, ville d'Alexandre Dumas génie littéraire et petit-fils d'esclave, est un affront au national et une faute morale. Rien n'est simple. Il ne faut pas céder à l'exaspération, qui prive de discernement. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Barbara / | 11/05/2014
PSAUMES
> Ce qui est extraordinaire, c'est que les Noirs réduits à l'esclavage et déportés aux Amériques aient trouvé dans la foi chrétienne transmise par les missionnaires qui se trouvaient aux côtés de leurs oppresseurs la consolation et l’espérance, faisant des psaumes leur prière quotidienne dans le labeur et la souffrance.
Dieu écrit droit avec des lignes courbes...
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Écrit par : Michel de Guibert / | 11/05/2014
@ PP
> cette solidarité "transéculaire" est au cœur du pèlerinage autant que la communion des saints, l'amour du prochain, la "petite voie" et le notre Père.
c'est très difficile à faire comprendre à cause du matraquage cocardier du XIXe dont les effets déformants se font encore sentir soit comme répulsif-bien compréhensible- soit comme attractif à cause de l'actuel international-libéralisme doucereux et méchant.
Quand vous parlez du "ça ne nous concerne pas" je vois très bien ce que vous voulez dire.
Les Français attendent d'être libérés.
Ils soupirent mais ils ne prient pas.
Ils ne comprennent pas que le problème de fond aujourd'hui, c'est la division, laquelle est due au manque d'amour de soi et du prochain, le manque d'estime de l'homme, lesquels sont la conséquence directe de la déchristianisation.
Comme saint Paul appelait à faire, il faut changer ce qu'on peut.
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Écrit par : E Levavasseur / | 12/05/2014
NE PAS ENCADRER
> Quand on parle d'esclavage, n'oublions pas Mère Anne-Marie Javouhey.
Si elle n'avait pas été là, V Schoelcher n'aurait rien pu faire.
le Code Noir de Louis XIV visait à "encadrer" l'esclavage : résultat, on a pu dire "vous voyez il y a un code, c'est légal, on a le droit."
Qu'on arrête de nous servir cette formule : encadrer quelque chose de foncièrement mauvais.
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Écrit par : E Levavasseur / | 12/05/2014
à eric levavasseur :
> très vrai , on pourrait d'ailleurs maintenant l'appliquer à d'autres exploitations du corps humain comme la prostitution ou la GPA ( bizarrement un certain milieu catholique hurle contre la seconde tout en se montrant très indulgent envers la première ).
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Écrit par : chrétien de gauche / | 13/05/2014
"YES MEN"
> Désolé, cette vidéo s'adresse à ceux d'entre les lecteurs de ce blogue qui comprennent l'anglais:
peut-être avez-vous entendu parler du combat des Yes Men, qui s'introduisent dans les conférences, cours, débats afin de combattre par des arguments paroxystiques -qui ne sont, souvent, que les arguments de ceux qu'ils combattent, mais poussés à l'extrême- ce qui donne un rendu désopilant au second degré.
Dans cette vidéo, en se faisant passer pour un officiel du WTO (World Trade Organization), l'excellent Yes Man de service explique, sur un parfait ton de conférencier du WTO et sur un public qui ne manifeste pas, ne se rebelle pas devant de tels propos (notez le), tout bonnement qu'un employé, par exemple au Gabon, coûte beaucoup moins cher qu'un esclave, par exemple en Finlande (l'employé, on peut le jeter s'il est incompétent ou s'il ne se fait pas assez de bénéfices, le refiler au système s'il est malade, s'il est trop âgé ou trop jeune, le licencier s'il ne fait pas l'affaire - l'esclave, non seulement il faut le garder, mais il faut le loger, lui et sa progéniture, s'en occuper, le nourrir, le soigner, sinon il perd de sa valeur à la revente. Et même s'en charger s'il est improductif, enfant ou vieillard, mais aussi, par exemple, femme enceinte, accidenté du travail ou autre ou handicapé).
Le système a aboli l'esclavage sans doute par sursaut des bonnes consciences, mais surtout, à mon avis, parce qu'il a trouvé beaucoup plus rentable comme pratiques en s'adossant aux états pour le non-rentable... (tout en récupérant encore plus d'argent in fine via l'endettement desdits états, après avoir fait main basse sur le rentable que les états contrôlaient et en leur laissant le non-rentable à gérer, mais c'est une autre histoire...)
http://www.youtube.com/watch?v=ps9BC7D6jC0
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Écrit par : Aventin / | 13/05/2014
Les commentaires sont fermés.